DUEL EN COSMETIQUE.

Mesdames et messieurs, vous aussi, car cela vous évitera un terrain glissant, laissez-moi vous conter ma mésaventure dans un magasin de cosmétiques.

Que j’aime quand une greluche, replâtrée à grands coups de truelle (elle n’a pas lésiné sur la sous-couche, à trop regarder D§CO !), s’adresse à moi d’un air condescendant, me toise de son regard torve et abat son verdict – toujours implacable, le verdict – sur la qualité de ma peau, trop ci, pas assez ça, je lis dans ses yeux, honte sur moi, s’enfoncer dans le sol, disparaître, qu’elle se demande comment j’ai osé m’afficher en public avec une tête pareille – hydraté mon visage quand même, je prends soin de mon moral – et m’arrache presque des mains le tube que j’ai sélectionné, croyais-je avec compétence, pour me vanter un fond de teint miraculeux, lequel va s’en dire n’a aucun effet esthétique sur elle, si c’est celui qu’elle utilise, à un prix défiant toute concurrence, exorbitant, le prix de deux bons livres au moins, qui, dans son cas, contribueraient à couvrir d’une première couche de culture son abyssale bêtise.

Ayant décliné l’offre, s’ensuit une explication, garantie sans science aucune, sur le produit que j’ai choisi : ce fond de teint ne ferait que ressortir rides et ridules, à se demander pourquoi on laisse en rayon un produit si néfaste sans avertissement, comme par exemple, réservé exclusivement aux vingt ans et moins ! Quand je regarde sa grotesque façade peinturlurée, je retiens un rire et maintiens mon choix. Néanmoins, je n’ai pas fait attention à tous les gestes de la gourdasse  en caisse et je me retrouve avec un fond de teint plus foncé que celui que j’utilise parfois, le soir. C’est en l’appliquant devant la glace, que j’ai soudain l’impression de voir la face ripolinée de l’autre. Aussitôt, je lave l’affront faite à mon visage à grands jets d’eau et me contente d’une bonne crème hydratante pour un résultat convenable